Terres austères, 1990-1996

Paysages semi-désertiques, fragments de dioramas d’un musée de paléontologie et vues de banales chambres de motel composent, sur le plan visuel, la trame de ce récit photographique qu’on trouvera par ailleurs ponctuée de quelques courtes propositions textuelles. En considérant tour à tour les larges paysages, les formes fossilisées et l’anomie des intérieurs de passage, il semble émerger de l’ensemble une sorte de trouble intérieur, ainsi qu’un fort sentiment d’absence. Formes rampantes, arbres aux longues branches dénudées et draps défaits sont alors comme autant d’icônes de cette absence profonde qui hante et habite la surface des images et qui peu à peu s’infiltre dans l’espace même qui entoure les images.
L’auteure Chantal Boulanger a écrit à propos de l’œuvre : « Ces images compactes et quelques peu austères renvoient à ce lieu proprement photographique qu’est la pétrification, en d’autres termes à une contraction spatiale et temporelle qui emprisonne le regard. Le spectateur ne se trouve pas ici transporté par le chatoiement d’images de contrées mythiques. Son périple le conduit plutôt à la croisée de plusieurs mondes: aux confins du lieu géographique, en l’occurrence les terres arides de l’Alberta, et de ce monument qu’est le musée, un musée d’archéologie et d’histoire qui plus est, tout autant qu’à la fragile jonction du vrai et du faux ».

L’œuvre comprend 22 photographies noir et blanc regroupées en 7 entités distinctes (un diptyque, trois triptyques, deux polyptyques et une image en solo). Lorsque présentée en exposition, l’œuvre comprend également deux courtes propositions textuelles présentées sous forme de lettres de vinyle posées directement sur les cimaises.