Anticoste, 2012

Cete œuvre a pour sujet principal l’Île d’Anticosti et sa représentation à la fois symbolique et plastique dans l’imaginaire québecpis. Ce vaste territoire situé dans l’estuaire du Saint-Laurent a longtemps été considéré comme le cimetière du golfe du Saint-Laurent en raison des nombreux naufrages qui eurent lieu sur ses côtes. Dans le corpus littéraire et documentaire du XIXe siècle traitant d’Anticosti, l’île y est représentée très souvent comme un lieu de mystère et de danger.
En dépit des tentatives plus ou moins utopiques et heureuses de faire d’Anticosti une terre accueillante et productive, l’île, qui fait près de 225 kilomètres de longueur et qui est pour ainsi dire couverte de forêts, reste encore aujourd’hui isolée et peu peuplée que l’on représente maintenant comme un véritable paradis pour la chasse et la pêche. l’île est un de ces lieux d’exception et de mouvance, un monde singulier où la nature semble magnifiquement résister – du moins jusqu’à maintenant – aux entreprises humaines. En ce sens, Anticosti serait à la fois un microcosme, une frontière et un territoire résolument instable témoignant de notre rapport profondément ambigu à l’égard du temps, de l’histoire et de la nature.
C’est à partir de cette idée de carrefour – qu’on dira de nature symbolique – que s’articule principalement le fil conducteur de cette exposition et du prolongement web qui l’accompagne. Voulant confronter ces représentations paradoxales d’une part, de la « terre maudite » et d’autre part, du « paradis », je propose une série de regards où l’ambivalence et l’indétermination des points de vue se croisent et se confrontent dans une sorte de récit de l’entre deux : entre chaos et utopie, entre beauté et hideur, entre raison et déraison.

L’exposition comprend des images photographiques et des objets regroupés au sein de 9 ensembles distincts. On retrouve aussi un socle avec une tablette numérique qui donne accès à un large ensemble de documents d’archives et de textes se rapportant à l’histoire d’Anticosti. Ces documents sont organisés sous la forme de sept récits renvoyant aux diverses occupations de l’île au travers du temps.