Champs la mer, 1990-1994

Pour cette œuvre, il y avait la volonté de créer des images qui soient débarrassées de l'accessoire, de l’anecdotique et de tout ce qui n’engage que la seule pulsion scopique. Je voulais obtenir une matière visuelle qui puisse opérer dans la "raréfaction", le dépouillement et dans ce que j'ai appelé aussi un certain minimalisme visuel. Je souhaitais des images qui en vertu de cette "économie" de signes, deviennent paradoxalement denses et intenses, profondes et énigmatiques et cela à partir de ce que j'appelle l'univers du proche, c’est-à-dire de ce qui appartient à l’univers des choses qui se trouvent en périphérie de soi et qui font partie de notre environnement immédiat.
Pour y parvenir, il me semblait nécessaire de changer les conditions mêmes de la production des images. Pour cela, il me semblait important de revoir le moment même de la prise de vue et de faire de ce moment un temps particulier, un temps précisément du temps. En fait, c'était comme s'il s'agissait de transformer paradoxalement le temps en lieu; un lieu où ce qui se jouerait principalement serait une sorte de méditation – sur le modèle zen – du regard.
De ce jeu pourrait donc découler la possibilité de l'existence d'un réel et très perceptible état de raréfaction. Par ce moyen, et je pourrais ajouter à l'aide de ce dispositif conceptuel, il m'apparaissait alors possible de prétendre - ne fusse que partiellement - à une connaissance relative de ce que pourrait être un certain minimalisme iconique et de comment celui-ci pouvait fonctionner.

Le travail comprend 20 photographies (tirages argentiques) en noir et blanc organisées sous forme de 2 diptyques, 3 triptyques et un polyptyque. La mise en espace comporte également laprésentation d’un livre d'artiste  d’un format de 30 cm x 40 cm, comportant 32 pages imprimé par le procédé photo-lithographie.